vendredi 5 juin 2015

A la vie !

Ce patient d’à peine 45 ans consultait pour une cicatrice de triple pontage coronarien, suite à un infarctus massif brutal et récent. Un sportif, marathonien, non tabagique. Pas le candidat idéal à un décès prématuré a priori…
Sa vision de la vie venait de changer radicalement. Le compteur s’était remis à zéro, il se sentait miraculé. Il avait, selon ses mots, rencontré Dieu, et aussi ses serviteurs sur Terre - en matière de santé du moins- à savoir les Soignants. En théorie, nous savons tous que la santé est un bien inestimable, on se la souhaite bonne, tous les 1er janvier.
Mais en pratique, quand aucune douleur physique n’est ressentie, que le corps et l ‘esprit ont l’air de fonctionner, on ne réalise pas assez à quel point la vie ne coule pas de source.
Tant qu’il n’y a pas de mise en garde, on ne mesure pas sa chance. On ignore (et heureusement, sinon on ne vivrait pas sans une consommation délirante d’anxiolytiques…) que tout peut basculer malgré tant d'effort.
J’avais malheureusement déjà vécu une situation similaire. C’était un 12 octobre, certaines dates ne s’oublient jamais. Je donnais une ordonnance à un patient au moment où tout s’est arrêté, je ne comprenais plus ses questions, je ne parlais plus, je bredouillais des sons inaudibles. Et là, je ne me rappelle que des lumières du véhicule du SAMU, du bruit des sirènes, de mes cris, des Urgences, des infirmières en train de courir puis d’un silence complet..
Je croyais me réveiller au paradis, j'apercevais des ombres blanches et floues s'agiter, mais j’ai vite reconnu des draps familiers jaune clair, avec le logo APHP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris).
Je ne bougeais toujours pas mais j’avais très mal, j’étais donc toujours vivante!
Et là, les réactions de mon entourage, très inquiet en majorité, avec parfois des nuances étranges me laissant entendre à quel point on est finalement remplaçable...
Je décidais de me remettre rapidement sur pied jugeant la mélancolie trop inconfortable.
Si vous aviez une deuxième chance, à quoi et à qui penseriez-vous en rouvrant les yeux ? A vos familles ? A vos amours passées et présentes ? A la maison de votre enfance ? A faire un safari en Tanzanie ? Une mission humanitaire en Asie ?
Je viens juste de fêter mon anniversaire, quelle joie s’associe désormais à un événement d’apparence si ordinaire.
Alors, à tout ce qui suit, et à la vie !


F

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire